La rédaction
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Les statistiques indiquent que les fibromes utérins touchent une femme sur cinq. Selon une Directive clinique de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada1 publiée en février 2015, la maladie est à l’origine de 30 % de toutes les ablations de l’utérus effectuées au Canada.
Par ailleurs, ces données indiquent que les femmes noires sont plus touchées par cette maladie que toutes les autres femmes2. Ces dernières sont aussi plus susceptibles de présenter des fibromes plus gros et plus nombreux, de manière plus précoce. Cette pathologie entraîne alors de lourdes interventions chirurgicales, à un âge où elles projettent de fonder une famille.
Alors liés au sujet fondamental de la procréation, et du désir de donner la vie, les fibromes — en plus d’être une maladie aux symptômes nombreux dont le diagnostic est souvent long — sont un véritable enjeu pour l’ensemble des communautés afrodescendantes.
Un parcours de combattante
Aïssatou Sidibé, infirmière clinicienne à l’Unité mère-enfant du CHUM, souffre de fibromes utérins, et donc de symptômes gynécologiques lourds et handicapants depuis son adolescence.
Sa première constatation est la longueur du parcours avant le diagnostic. Comme la grande majorité des femmes souffrant d’une maladie gynécologique, elle doit consulter de nombreux médecins et subir des dizaines d’examens pour obtenir enfin des réponses à ses questions, et des traitements à ses souffrances.
Face à ses errances médicales, et après plusieurs hospitalisations, elle transforme son « parcours de combattante » en volonté sincère d’offrir aux femmes les solutions qui lui ont tant manqué.
Créatrice du blogue Fibromelle et de l’organisme de bienfaisance Vivre 100 fibromes, Aissatou milite pour l’amélioration de la prise en charge des femmes atteintes de fibromes utérins au Québec.
Dans son livre, Endométriose et fibrome utérin, de la souffrance à l’action, coécrit avec Marie-Josée Thibert, elle dévoile des données épidémiologiques édifiantes3 :
- 60 % des femmes afro-américaines de 35 ans souffrent de fibrome utérin, contre 40 % des femmes caucasiennes du même âge.
- Quant aux femmes afro-américaines de 50 ans, cette donnée monte à 80 %, contre 70 % des femmes caucasiennes.
Les missions d’Aïssatou Sidibé? Offrir aux femmes la possibilité d’aller chercher une meilleure prise en charge de leur pathologie, et briser l’isolement.
Car derrière les chiffres et les symptômes physiques, se cachent des souffrances psychologiques difficilement imaginables.
En 2019, l’institut Résiliences — institut spécialisé en recherche et soutien à la santé mentale des communautés noires du Canada — a mené une étude sur la santé mentale des femmes noires atteintes de fibromes utérins. Les résultats ont révélé un niveau très élevé de détresse psychologique, un accès très limité aux services de soutien en santé mentale et des impacts multiples sur le bien-être global.
Pour toutes ces raisons, parmi tant d’autres, il est essentiel de briser les tabous autour du fibrome utérin et des conséquences qu’il entraîne.
Merci à Aïssatou Sidibé, pour son action essentielle pour la santé des femmes noires.
Les fibromes sont des tumeurs bénignes, constituées de tissu musculaire lisse. Parmi leurs principaux symptômes, on retrouve :
- Règles abondantes et douloureuses
- Saignements anormaux
- Fréquentes envies d’uriner
- Sensation de lourdeur de l’utérus
- Complications lors des grossesses
Bien que ces symptômes soient les plus fréquents, ils ne sont pas les mêmes pour toutes les femmes.
Les symptômes dépendent de l’endroit où les fibromes sont placés, et peuvent aussi varier en intensité selon les femmes.
Si vous pensez souffrir de fibromes utérins ou de toute autre maladie gynécologique, consultez votre médecin ou gynécologue.
Notre conseil : Informez-vous sur le sujet, entourez-vous des bonnes personnes et devenez actrices de votre santé, de votre vie et de vos choix.
Pour aller plus loin et demander du soutien :
- Vivre 100 fibromes
- Association UTASA — Infertilité des afro-descendants
- Endométriose et fibrome utérin, De la souffrance à l’action – Aissatou Sidibé et Marie-Josée Thibert, Les éditions Trécarré, 2022.
Sources :
1Directive Clinique de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, N° 318, février 2015.
2Manuel Merck, Version pour les professionnels de la santé
3Endométriose et fibrome utérin, De la souffrance à l’action, Aissatou Sidibé et Marie-Josée Thibert, Les éditions Trécarré, 2022.
Le Mois de l’Histoire des Noirs au CCSMTL
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