Un moment avec Régine Laurent

21 février 2023
Temps de lecture : 4 minutes

Marion Munos, Service des communications et du marketing
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Infirmière de renom, présidente de la Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), présidente de la bien nommée Commission Laurent… on ne présente plus Madame Régine Laurent. À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, elle a accepté de partager avec nous les grands moments de sa carrière ainsi que ses réflexions sur la situation des familles vulnérables noires du Québec.

Dès le début de sa carrière, dans « une autre époque » selon elle, Régine Laurent s’implique et s’engage pour celles et ceux qui l’entourent. Outre le dévouement dont elle a toujours fait preuve, la riche entrevue qu’elle nous a accordée a éclairé la valeur clé de toutes ses missions : son esprit d’équipe.

Car c’est bien son esprit d’équipe qui a gardé intacte sa flamme pour les soins infirmiers pendant de nombreuses années. En tant que femme noire dans le milieu de la santé, elle s’est toujours sentie à sa place et soutenue par ses équipes. Consciente des défis que rencontrent les membres des communautés noires, elle s’estime chanceuse et bien entourée.

Toujours sur le terrain, sa nomination à la présidence de la FIQ fait d’elle la première femme noire à diriger un grand syndicat.

Bien plus qu’une porte-parole, elle devient la fierté des infirmières et infirmières auxiliaires noires.

Pour Régine Laurent, cette représentation va bien plus loin qu’une mission syndicale, c’est une immense responsabilité. Elle s’explique: « Je me devais de bien les représenter. On ne va pas se le cacher, je ne pouvais pas me permettre d’échouer. Parce que mon échec serait retombé sur elles aussi. »

Les droits et les intérêts des enfants d’abord

Riche de ses convictions, Régine Laurent a toujours su faire passer ses messages, y compris les plus durs à entendre. Avant d’accepter la présidence de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, Madame Laurent a présenté au premier ministre du Québec une exigence non négociable : que les recommandations formulées soient prises en comptes et appliquées.

La Commission Laurent était née.

Encore une fois, Madame Laurent souligne son entourage extraordinaire. Intervenant.e.s communautaires, chercheur.e.s, avocat.e.s,… elle a fait appel aux meilleurs spécialistes pour étudier toutes les failles du système. Résultat? Une « onde de choc », et 60 recommandations. Toutes acceptées.

Parmi leurs constatations, elle met le doigt sur une grande disparité : alors que les enfants noirs représentent 15 % de la population, ils représentent aussi 30 % des signalements à la DPJ.

Elle partage aussi que les signalements touchant les familles noires ont 5 fois plus de chance d’être retenus que ceux des autres familles. Soit 5 fois plus de risques de passage au tribunal. Il y a donc 5 fois plus de risques qu’un enfant noir soit retiré de sa famille que tous les autres enfants faisant l’objet d’un signalement.

Bien que les intervenant.e.s et professionnel.le.s aient sincèrement à cœur le bien-être des enfants, les biais culturels orientent bien souvent l’analyse des situations.

Les différences culturelles, la complexité du système et du langage juridique ne permettent pas toujours aux parents de comprendre et d’être compris.

De ces incompréhensions découlent de nombreux retraits d’enfants et de drames humains.

Face à cette réalité, la Commission Laurent a consacré un chapitre de son rapport aux réalités des familles noires. Ce dernier recommande une formation spécifique des intervenant.e.s auprès des familles noires ainsi que la prise de mesures adaptées aux différentes réalités des parents.

Bien sûr, le chemin à parcourir est encore long pour les familles noires en situation précaire.  Cependant, la formulation de recommandations ciblées est le premier pas vers une véritable équité.

Le Mois de l’histoire des Noirs selon Régine Laurent

Au cours de ses nombreuses interventions, Régine Laurent a pu constater que des pans entiers de l’histoire restaient inconnus de la population dans son ensemble et des jeunes en particulier.Selon elle, l’ignorance est l’une des pires menaces de nos sociétés. En effet, le manque de connaissances nous maintient dans nos perceptions. Et les perceptions, elles, mènent à des attitudes très souvent inadaptées et parfois très discutables.Si nous devions retenir une chose, c’est que pour éviter les injustices ou dérives du passé et pour continuer à avancer sur le chemin de l’équité, l’histoire doit être transmise et cultivée. L’histoire des autres, mais aussi la nôtre.En ce sens, le Mois de l’histoire des Noirs et sa vocation d’éducation sont plus que jamais d’actualité.Du fond du cœur, merci, Madame Laurent, de nous aider à le célébrer!

 

Le Mois de l’Histoire des Noirs au CCSMTL

Une occasion de célébrer, d’honorer et d’en apprendre davantage sur l’héritage des communautés noires, au Québec, au Canada et dans notre établissement. Découvrez ou redécouvrez tous nos articles sur ce thème ici :

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